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L'Art des Claquettes : Des bidonvilles à Hollywood.


Quand on dit claquette, on pense plus ou moins systématiquement à Fred Astaire, Gene Kelly, Ginger Rogers ou à Chantons sous la pluie, non ? 


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Fred Astaire
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Ginger Rogers dans le film Follow the fleet 1935
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Affiche du film : Chantons sous la pluie


Mais cette façon de se mouvoir à des précurseurs tout autre, et une histoire bien plus viscérale

et nécessaire, que le divertissement fabuleux des comédies musicales édulcorées des années 50,

que l’on adore admirer.

 Une partie de l’art de taper le sol en rythme commence aux Etats-Unis en 1619.

A l’ère de la colonisation et de l’esclavage, les noirs utilisent les tambours pour communiquer entre eux, sauf qu’une fois ce système démasqué, on le leur interdit.

Leur seul moyen de s’exprimer dans les plantations : émettre des sons avec leurs corps,

et plus particulièrement avec leurs pieds.

Leurs corps deviennent ainsi des instruments d’échange, de partage et de survie.

Clap, snap, tap, step, touch, stomp, stamp, brush, tout un langage commence à se dessiner.


Plus tard (début 19ème) ils en viendront à créer dans ce même contexte, une Danse en cercle,

nommé Juba, ils tournaient en rond dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, ils chantaient, et dansaient au rythme de leurs instruments de percussions : leurs corps.


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Crédit : Alamy stock photo

La Danse guidait le rythme et non l’inverse.

Le milieu du cercle était réservé aux improvisations, dos courbé, genoux fléchies, hanches libres, pieds nus à plats qui tapent et frottent le sol, l’énergie circule depuis la terre. 

Chez les blancs, la Danse c’est la jig (gigue), Danse folklorique européenne (anglaise, irlandaise, écossaise, puis allemande et française) au style raide, où le dos est droit comme un piquet, les hanches figées et les bras le long du corps, Il y a de la vivacité et de la complexité dans les jambes, mais aussi de la légèreté et du rebond.

La musique sur laquelle ils s’expriment est harmonieuse et régulière. Infine une Danse dans le sol pour les africains et aérienne pour les européens.

Les deux peuples comme les deux types d’expressions se côtoient, et ainsi ils se mettent à s’imiter, à ironiser leurs façons de bouger. Il paraitrait que cette façon de faire était à double sens.

Les noirs parodiaient les blancs et les blancs parodiaient les noirs. Se jugeant les uns les autres, les blancs méprisaient la Danse des africains, avec par exemple les mouvements de bassins, qui étaient vus comme sexuels et choquants ; Et les noirs, eux, trouvaient scandaleux et malsain de tenir une femme par la taille. Quoi qu’ils en soient ils se découvraient, apprenaient des uns des autres et s’imprégnaient malgré eux d’une autre façon d’être.



Puis entre 1840 et 1890, un genre de spectacle se produit aux Etats-Unis

Les menestrels (Minstrel Show), soit des numéros dansés, chantés, et sarcastiques joués par des blancs, grimés avec du charbon sur le visage, ce qui sera appelé le blackface. (Pratique qui finit par disparaitre dans les années 60 grâce aux mouvements des droits civiques afro-américains)


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Affiche de Minstrel : Billy Van Ware

Le seul et unique but, faire rire la galerie en imitant et reproduisant les comportements et la façon d’être des esclaves dans les plantations, s’essayant par conséquent à leur façon de Danser. Les tenues se font plus élégantes, car avant d’avoir l’image classe et distinguée que l’on connait,

les claquettes étaient assimilées

à des ivrognes ou des clochards.

A la même époque à New York, dans le quartier de Five points(1840 arrivée des irlandais), un endroit délabré, infame et dangereux (forte densité de population, maladie, pauvreté, chômage, violence) deux communautés, entre autres, coexistent dans le même bidonville :

les afro-américains et les irlandais qui ont fui la famine de leur pays .

 Les différents peuples se retrouvaient dans les sous-sols humides, faisant office de salle de Danse, où s’improvisait la gigue Irlandaise et le shuffle (danse qui vu le jour dans les plantations /danse des esclaves mélangeant danse folklorique irlandaise et danse africaine).

 Ça s’imite, se moque, s’approprie, revisite, réinvente, se lie, se mêle : les claquettes sont nées là, à cet endroit, dans ce contexte, grâce à la fusion de ces âmes dansantes issues de cultures différentes.



Une danse rayonne et certains brillent par leurs dextérités et leurs sens du rythmes prodigieux et phénoménaux, dont un certain William Henry Lane, surnommé plus tard Master Juba !

(En référence à cette fameuse danse en cercle dans les plantations !)

Il sera considéré comme le père des Claquettes.

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Mister Juba

 Les noirs n’avaient pas le droit de se produire dans les spectacles avec des blancs, mais Master Juba,

(1825 1852/) dérogea à la règle car né libre.

Il se confrontera aux meilleurs danseurs de ménestrels, et sera reconnu comme le roi des claquettes, un style vif, unique, surprenant et se fera invité (1848) par les troupes de ménestrels les plus célèbres.

Il s’exporta à Londres avec l’une d’elle « pell’s ethiopian serenaders »et fût considéré comme le pionnier d’une nouvelle Danse : innovante et unique à ce jour : un mélange certain entre danse paysanne anglo-saxonne et langage corporel africain.


Plusieurs appellations ont été donné à cette nouvelle danse en vogue, comme shuffling, stepping, heel-in, flat foot... Mais ce n’est qu’en 1910 qu’on retiendra le nom TAP DANCE, lorsque les bouts de métal seront insérés sous les chaussures, à l’avant et à l’arrière. A bats les sabots ou plaque en bois !!


 La TapDance évolua rapidement techniquement et commença à se codifier.

 (Le racisme étant toujours présent, des circuits spécifiques étaient mis en place par les troupes noires pour un public noir : Toba. )


A travers les vaudevilles d’abord, Bill Robinson dit Mr Bojangles fit office de légende.

Il crée notamment la danse de l’escalier, qui sera reprise par des danseurs blancs portant le blackface.




Mais c’est à la fin des années 20 que les claquettes s’ancre dans le paysage américain d’une manière plus étendue, avec les premières comédies musicales qui apparaissent, avec le cinéma sonore et un virtuose des claquettes, j’ai nommé Fred Astaire.

Le succès est au rendez-vous, et les productions veulent en profiter davantage, et c’est Ginger Rogers que Frederick choisira comme partenaire : c’est la naissance d’un couple mythique qui partagera l’affiche de 10 films aux succès fulgurants (dont un en couleur !), hormis le dernier …





1930 : Le succès des claquettes de Broadway fait du bruit jusqu’à Hollywood, qui veut absolument introduire cet art dans ses productions. Des cours sont alors donnés aux acteurs et actrices blancs / blanches ( James Cagney / Joan Crawford / Clark Gable / Eleonor Powell ) et de nombreux films voient le jour avec des ensembles dansés travaillés au millimètre près.

Loin des improvisations des débuts.



Clark Gable & Chorus girl James Cagney    Eleonor Powell & Chorus Boy



De tout jeunes américain.e.s sont déjà des prodiges des claquettes comme sammy davis junior, Mickey Rooney et la plus connue Shirley Temple qui débuta sa carrière à 3 ans et reçu un oscar à l’âge de 7 ans, un record ! Elle est la seule actrice blanche a dansé avec un noir, Mr Bill Robinson !




Mickey Rooney Shirley Temple & Mr Bojangles Sammy Davis Jr




Gene Kelly et Judy Garland mêlent ensuite chant et claquette,

sacrée coordination !

Et dans les années 40,

c’est le déclin, d’autres danses font les yeux doux

à la comédie musicale. 

Dans les années 50, une forme de regain avec notamment le mythique Chantons sous la pluie et la fabuleuse Cyd Charisse

qui crève l’écran.



Puis c’est Le Festival de Jazz de Newport qui remit en lumière cet art en 1962, grâce à Marshall Steans qui invita des artistes talentueux à s’exalter sur scène.


 Broadway y reproduira plusieurs spectacles, et des cours pour amateurs et professionnels du spectacle seront dispensés par des puristes.


 Même si la création même des claquettes vient d’improvisations, de nécessité d’expression et de fortes individualités, il y a un public qui s’y passionne, s’y attèle, et y trouve un moyen d’expression

qui leur parle et les touche, les anime. Et ce au-delà des frontières.

Des spectacles se construiront, ailleurs, autour de l’esthétisme indéniable de cette Danse.

 Les claquettes seront donc passées d’outil salvateur de communication, d’exécutoire, d’échappatoire et de libération à Art du divertissement aux yeux du plus grand nombre.


 A tous ces grands artistes qui ont nourrit cet art : Master Juba, Bill Robinson, John Bubbles, Jimmy Slyde  à qui ‘l’on doit nos fameux slide en jazz !! ou en hip-hop !

Sammy Davis junior, les Nicholas Brothers, Fred Astaire, Gene Kelly, Cyd Charisse, Ginger Rogers,

Shirley Temple, Eleonor Powell et tant d’autres, qui même s’ils n’ont pas tous eu la lumière

qu’ils méritaient, ont laissé leurs empreintes et apporté leur pierre à l’édifice.



John Bubbles Les Nicholas Brothers Sammy Davis Jr










Céline Taranto, artiste et entrepreneuse, a créé la Méthode Taranto après une carrière en danse enrichie par une exploration approfondie du corps et des pratiques somatiques. À travers son studio, le Studio Méthode Taranto & Co, elle offre des cours de Barre au sol uniques, fruit de son apprentissage continu. Céline combine sa passion pour la culture et le mouvement avec des initiatives telles que son podcast et les Escapades Bien-Être.


Instagram @celinetaranto_


 


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